Sommaire

From GARDGuide
Introduction
La production de drainage rocheux acide
Cadre de travail pour la gestion du drainage rocheux acide
Caractérisation
Prévisions
Mesures de prévention et d’atténuation des effets
Traitement du drainage rocheux acide
Suivi du drainage rocheux acide
Gestion du drainage rocheux acide et évaluation de sa performance
Processus de communication et de consultation relatifs au drainage rocheux acide
Résumé
Références


Introduction

Le guide intitulé Global Acid Rock Drainage (GARD) traite des mesures de prévision, de prévention et de gestion des produits de drainage issus de l’oxydation de minéraux sulfurés. Ce processus est désigné par diverses expressions telles que « drainage rocheux acide » (DRA), « drainage minier acide » (DMA) ou « drainage acide et métallifère » (DAM), « eaux touchées par l’exploitation minière » (ETEM), « drainage salin » (DS) et « drainage minier neutre » (DMN).

Le présent sommaire adopte la structure générale établie dans le guide GARD, soit celle d’un sommaire de l’état des meilleures pratiques et technologies élaboré sous l’égide de l’INAP (International Network for Acid Prevention) afin d’aider les parties concernées du domaine du DRA, notamment les exploitants de mines, les organismes de réglementation, les collectivités et les experts-conseils, à résoudre les questions relatives à l’oxydation de minéraux sulfurés. Le lecteur peut avoir accès à des renseignements additionnels sur les sujets abordés dans le présent sommaire en consultant le guide GARD. Celui-ci a été rédigé grâce aux commentaires et à l’aide de nombreuses personnes et organisations. Leur contribution est par la présente reconnue avec vive reconnaissance.

Le drainage rocheux acide est issu de l’oxydation naturelle de minéraux sulfurés qui ont été exposés à l’air et à l’eau. Des activités associées à l’excavation de la roche contenant des minéraux sulfurés, par exemple l’exploitation minière des métaux et du charbon, accélèrent le processus. Les eaux de drainage issues du processus d’oxydation peuvent être de neutres à acides et contenir ou non des métaux lourds dissous, mais elles contiennent toujours des sulfates. Le DRA est attribuable à une série de réactions et d’étapes qui, de manière générale, font passer les conditions d’un milieu de pH presque neutre à des conditions de pH plus acide. Lorsque des minéraux basiques sont présents en quantités suffisantes pour neutraliser les eaux de DRA, le processus d’oxydation peut entraîner le drainage minier neutre ou le drainage salin. Le DMN est caractérisé par des fortes concentrations de métaux en solution à un pH quasi­neutre, tandis que les eaux de DS présentent de fortes concentrations de sulfates à un pH neutre et l’absence de toute concentration importante de métaux dissous. Les schémas de la figure 1 illustrent les divers types de processus de drainage.

Figure 1: Types de drainage provenant de l’oxydation de minéraux sulfurés
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Figure 2: Exemple de drainage rocheux acide à proximité d’une entrée de mine romaine, en Espagne
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Une fois que le processus de DRA a débuté, il peut être très difficile de l’interrompre, car c’est un processus qui, en l’absence de toute mesure d’atténuation, se poursuit (et peut même s’accélérer) jusqu’à ce qu’un ou plusieurs des réactifs (minéraux sulfurés, oxygène, eau) s’épuisent ou ne puissent plus participer à la réaction. Le processus de DRA peut se poursuivre pendant des décennies et même des siècles après l’arrêt des travaux d’extraction, ce qu’illustrent bien les conditions à proximité d’une entrée de mine située en Espagne, qui date de l’époque romaine (figure 2).

Les coûts associés aux mesures correctives du DRA dans les mines orphelines d’Amérique du Nord sont estimés à des dizaines de milliards de dollars américains. Les responsabilités de l’exploitant d’une mine qui a fermé ses portes et les travaux visant à corriger le DRA et à traiter les eaux de DRA peuvent entraîner des coûts totalisant des dizaines et même des centaines de millions de dollars si la gestion adéquate du processus d’oxydation des minéraux sulfurés n’a pas été assurée au cours de la durée de vie de la mine.

La caractérisation adéquate de l’aménagement d’une mine, l’élaboration de prévisions valables sur la qualité du processus de drainage et la gestion efficace des rejets miniers peuvent, dans la plupart des cas, prévenir le DRA, et, dans tous les cas, réduire au minimum la production d’eaux de DRA. Les premières mesures pour prévenir le DRA doivent être prises lors des travaux d’exploration et se poursuivre tout au cours du cycle de vie de la mine. La planification et la gestion continues du DRA sont des éléments clés de la prévention de ce processus.

Dans le cas de nombreuses mines, le problème de DRA ne se présente pas, notamment lorsque les propriétés géochimiques intrinsèques des rejets miniers ne favorisent pas son enclenchement ou lorsque les conditions climatiques sont celles d’un milieu très aride. De plus, les exploitants de mines qui ont mis en oeuvre des outils de prévision efficaces et, au besoin, des mesures de prévention et des programmes de suivi, ne devraient pas avoir à résoudre des problèmes de DRA importants.

En adoptant une approche globale pour assurer la gestion du DRA, il est possible de réduire les risques pour l’environnement et les coûts subséquents que doivent assumer l’industrie minière et les gouvernements, de réduire les incidences environnementales nuisibles et de favoriser l’appui du public pour les activités minières. La portée de l’approche de gestion du DRA et ses éléments particuliers qui doivent être mis en oeuvre sur un site minier donné dépendent de nombreux facteurs propres au site et non seulement à ceux associés à la possibilité que l’exécution du projet produise du DRA.

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La production de drainage rocheux acide

L’oxydation des minéraux sulfurés et la production de DRA, de DMN et de DS constituent un processus très complexe, lequel comprend de multiples réactions chimiques et biologiques qui varient grandement en fonction des conditions environnementales, géologiques et climatiques (Nordstrom et Alpers, 1999). Les minéraux sulfurés présents dans les gisements de minerai ont été formés dans des conditions réductrices, en absence d’oxygène. Lorsqu’ils sont exposés à l’oxygène atmosphérique ou à des eaux contenant de l’oxygène, à la suite de travaux d’extraction, de traitement du minerai, d’excavation ou d’autres activités de terrassement, les minéraux sulfurés peuvent devenir instables et s’oxyder. La figure 3 présente un modèle simplifié de l’oxydation de la pyrite, le principal minéral sulfuré responsable du DRA (Stumm et Morgan, 1981). Les réactions sont illustrées sous forme schématique et ne représentent pas nécessairement les mécanismes exacts, mais la figure constitue tout de même un outil efficace pour visualiser et comprendre l’oxydation des minéraux sulfurés.

La réaction chimique de l’oxydation de la pyrite (réaction [1]) exige la présence de trois ingrédients principaux, soit la pyrite, l’oxygène et l’eau. La réaction peut avoir lieu en milieu abiotique ou biotique (c.-à-d. par le biais de microorganismes). Dans ce dernier cas, des bactéries comme Acidithiobacillus ferrooxidans, qui tirent leur énergie métabolique de l’oxydation du fer ferreux en fer ferrique, peuvent accélérer la vitesse de la réaction d’oxydation et l’accroître de plusieurs ordres de grandeurs comparativement aux vitesses de réaction en milieu abiotique (Nordstrom, 2003). La pyrite peut non seulement subir une réaction d’oxydation directe, mais elle peut aussi être dissoute et ensuite oxydée (réaction [1a]).


Figure 3: Modèle de l’oxydation de la pyrite (Stumm et Morgan, 1981).
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Dans la plupart des circonstances, l’oxygène atmosphérique joue le rôle d’oxydant. Toutefois, le fer ferrique en phase aqueuse peut aussi oxyder la pyrite selon la réaction [2]. Celle­ci est beaucoup plus rapide (de 2 à 3 ordres de grandeur) que la réaction avec l’oxygène et la quantité d’acide produit par mole de pyrite oxydée est grandement supérieure. Cette réaction est cependant restreinte à des conditions dans lesquelles les quantités de fer ferrique dissous sont importantes (c.-à-d. des conditions acides où le pH est égal ou inférieur à 4,5). L’oxydation du fer ferreux par l’oxygène (réaction [3]) est nécessaire pour produire du fer ferrique et reconstituer les quantités initiales de ce composé et de plus, des conditions acides sont essentielles pour que le fer ferrique demeure en solution et participe au processus de production de DRA. Comme la réaction l’indique clairement, l’oxygène doit être présent pour produire du fer ferrique à partir de fer ferreux. En outre, les bactéries qui peuvent catalyser cette réaction (principalement celles du type Acidithiobacillus genus) ont besoin d’oxygène pour assurer la respiration cellulaire aérobie. Une certaine quantité d’oxygène est par conséquent nécessaire pour que le processus soit efficace, et ce, même si des bactéries servent de catalyseurs, mais il faut préciser que la quantité d’oxygène requise est bien inférieure à celle d’une oxydation en milieu abiotique.

Le sort du fer ferreux issu de la réaction [1] constitue un facteur environnemental d’importance en matière de production de DRA. Le fer ferreux peut être extrait d’une solution, dans des conditions de pH légèrement acide à alcalin, par oxydation suivie d’une hydrolyse et formation ultérieure d’un hydroxyde de fer relativement insoluble (réaction [4]). La combinaison des réactions [1] et [4], qui a généralement lieu quand les conditions ne sont pas très acides (c.­à-d. lorsque le pH > 4,5), se traduit par une oxydation de la pyrite qui produit deux fois plus d’acide, comparativement à la réaction [1], selon l’équation suivante :

FeS2 + 15/4O2 + 7/2H2O = Fe(OH)3 + 2SO42- + 4H+,

Cette équation représente la réaction la plus couramment utilisée pour décrire l’oxydation de la pyrite.

Bien que la pyrite soit de loin le principal minéral sulfuré responsable de la production d’acide, les divers gisements de minerai contiennent différents types de minéraux sulfurés. Ce ne sont pas tous les minéraux sulfurés qui sont acidogènes lors de leur oxydation. De manière générale, les sulfures de fer (pyrite, marcassite, pyrrhotite), les sulfures où le rapport molaire métal/soufre est inférieur à 1 et les sulfosels (p. ex. l’énargite) produisent de l’acide lorsqu’ils réagissent avec l’oxygène et l’eau. Les sulfures où le rapport molaire métal/soufre est égal à 1 (p. ex. la sphalérite, la galène, la chalcopyrite) ont tendance à ne pas produire d’acide lorsque l’oxydant est l’oxygène. Toutefois, lorsque le fer ferrique en phase aqueuse constitue l’oxydant, tous les sulfures sont acidogènes. Par conséquent, le potentiel acidogène d’un gisement de minerai ou de rejets miniers dépend généralement de la quantité de sulfures de fer présents.

Les réactions de neutralisation jouent aussi un rôle clé dans la détermination des compositions caractéristiques des produits de drainage issus de l’oxydation de sulfures. Tout comme dans le cas des minéraux sulfurés, la réactivité et, conséquemment, l’efficacité des minéraux neutralisants pour tamponner tout acide produit, peuvent grandement varier. La plupart des minéraux carbonatés peuvent se dissoudre rapidement, ce qui en fait d’efficaces neutralisants d’acide. Toutefois, l’hydrolyse du fer (Fe) ou du manganèse (Mn) dissous, issus de la dissolution de leurs carbonates respectifs, et la précipitation subséquente d’un minéral secondaire, peuvent entraîner la formation d’acide. Bien qu’ils soient généralement plus courants que les phases carbonatées, les minéraux aluminosilicatés ont tendance à être moins réactifs que celles­ci et leur effet tampon peut, dans certains cas où les conditions du milieu sont assez acides, permettre seulement la stabilisation du pH. Les données de certaines études indiquent que les silicates de calcium et de magnésium peuvent tamponner les effluents miniers et rendre leur pH neutre lorsque les vitesses d’oxydation des sulfures sont très faibles (Jambor, 2003).

La combinaison des réactions de production d’acide et de neutralisation d’acide se traduit habituellement par un processus de production de DRA par étapes (figure 4). Au fil du temps, le pH diminue en passant par une série de plateaux, en fonction du tamponnage de différents assemblages minéraux. La période précédant le début de la production d’acide constitue un facteur très important en matière de prévention du DRA. Il s’avère beaucoup plus efficace (et généralement beaucoup moins coûteux, à long terme) de maîtriser la production de DRA au cours des premières étapes. La période susmentionnée a aussi des incidences significatives sur l’interprétation des résultats. Puisque la première étape de production de DRA peut être très longue, et ce, même dans le cas de matières pouvant devenir très acidogènes, il est essentiel de clairement identifier l’étape d’oxydation lors de la détermination du potentiel acidogène du DRA. Il est possible que les résultats préliminaires d’essais géochimiques ne soient pas représentatifs de la stabilité environnementale à long terme des formations géologiques visées et de la qualité des effluents connexes. De tels résultats d’essais préliminaires peuvent toutefois constituer des données précieuses pour évaluer des conditions futures et des éléments qui leur sont associés comme les vitesses de neutralisation des minéraux neutralisants disponibles.

Un corollaire est fréquemment établi entre l’oxydation des sulfures et la lixiviation des métaux (LM), ce qui explique que les sigles « DRA/LM » ou « LM/DRA » sont couramment utilisés pour décrire avec plus d’exactitude la nature du drainage minier acide. Les métaux présents à fortes concentrations et les métaux traces issus du DRA, du DMN et du DS proviennent de l’oxydation des sulfures et de la dissolution des minéraux qui neutralisent l’acide. Dans le cas particulier du DRA, ce sont le fer (Fe) et l’aluminium (Al) qui constituent habituellement les principaux métaux dissous à fortes concentrations, mais les concentrations de métaux traces comme Cu, Pb, Zn, Cd, Mn, Co et Ni peuvent aussi être élevées. Lorsque les effluents miniers présentent un pH quasi­neutre, leurs concentrations tendent à être plus faibles en raison de la formation de phases minérales secondaires et d’un phénomène de sorption plus important. Certains composés restent toutefois en solution lorsque le pH augmente, particulièrement certains métalloïdes comme As, Se et Sb, ainsi que d’autres métaux traces (p. ex. Cd, Cr, Mn, Mo et Zn).

Figure 4: Étapes de production de DRA (INAP, 2009)
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Cadre de travail pour la gestion du drainage rocheux acide

Les questions et les approches relatives à la prévention et à la gestion du DRA sont les mêmes partout dans le monde. Les techniques particulières servant à réaliser les prévisions de DRA, l’interprétation des résultats d’essais de DRA et la gestion du DRA peuvent toutefois différer selon le contexte local, régional ou national, et il faut habituellement les adapter aux conditions climatiques et topographiques et à d’autres conditions propres au site minier.

Il n’existe donc pas d’approche « uniformisée et universelle » pour la gestion du DRA, et ce, malgré le fait que les questions connexes, à l’échelle internationale, sont de nature semblable. Chaque site minier présente des conditions qui lui sont propres et il faut donc réaliser une évaluation soigneuse du projet visé afin d’identifier une stratégie de gestion qui peut être intégrée aux cadres plus larges relatifs à la réglementation ainsi qu’à la société d’exploitation et aux collectivités. Les paramètres propres au site comprennent la conjoncture sociale, économique et environnementale dans laquelle l’exploitation de la mine s’effectue, tandis que le cadre de travail comporte, entre autres, les normes réglementaires et celles adoptées par les entreprises qui sont pertinentes, ainsi que les attentes et les exigences particulières des collectivités. La figure 5 illustre un cadre conceptuel de ce type, qui s’applique durant tout le cycle de vie d’une mine.

Les sociétés minières de toutes tailles doivent respecter les lois et règlements relatifs au DRA des pays où elles exploitent des mines. On considère aussi que de bonnes pratiques d’entreprise comprennent le respect de directives de niveau international en matière de DRA, lequel constitue dans de nombreux cas une des conditions liées au financement d’un projet.

Bon nombre de sociétés minières ont adopté des directives claires qui témoignent de leurs priorités en matière de DRA et de leur interprétation des meilleures pratiques connexes. Il faut cependant adopter une approche prudente afin de s’assurer que tous les éléments des règlements nationaux sont respectés, car les directives des entreprises relatives au DRA ne peuvent en aucun cas se substituer aux règlements des différents pays.

Figure 5: Cadre conceptuel de gestion du DRA (INAP, 2009)
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Les travaux des sociétés minières sont exécutés en tenant compte des contraintes d’un « permis d’exploitation social » qui, idéalement, se fonde sur un large consensus regroupant tous les intervenants. La nature même du consensus comporte généralement une vaste gamme d’éléments sociaux, économiques et environnementaux et des éléments de gouvernance (liés au développement durable). Le DRA constitue un élément clé du permis d’exploitation social d’une mine, car ses effets comptent habituellement parmi les répercussions environnementales les plus visibles de l’exploitation minière. Les coûts des travaux de fermeture de la mine et de ceux de post­fermeture liés à la gestion du DRA font maintenant partie intégrante du budget de toute mine en exploitation et de tout projet de mine. De nos jours, de nombreux pays et États exigent une quelconque garantie financière ayant trait à ces éléments particuliers.


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Caractérisation

La production de DRA, le drainage et le transport des eaux acides dans l’environnement et l’adoption de mesures d’atténuations correctives en cas de DRA constituent des processus complexes régis par une combinaison de facteurs physiques, chimiques et biologiques. Le fait que le DRA puisse constituer un problème environnemental réel dépend en grande partie des caractéristiques des sources, des voies d’accès et des milieux récepteurs touchés. Il est donc essentiel de pouvoir caractériser ces aspects avant d’effectuer des prévisions et pour faciliter les mesures de prévention et les travaux de gestion du DRA. La nature des programmes de caractérisation environnementale permet de recueillir assez de données pour répondre aux questions de la liste suivante :

  1. Quelle est la probabilité que le DRA se produise? Quel type de drainage est prévu (DRA/DMN/DS)?
  2. Quelles sont les sources de DRA? Quelles quantités d’eaux de DRA seront produites et à quel moment ou à quelle période le seront-elles?
  3. Quelles sont les voies d’accès qui permettent le transport des contaminants jusqu’aux milieux récepteurs?
  4. Quelles sont les incidences environnementales prévues du DRA dans l’environnement?
  5. Quelles sont les mesures qui peuvent être adoptées afin de prévenir le DRA, d’en atténuer les effets ou d’en assurer la gestion?

Les caractéristiques géologiques et minéralogiques du gisement et de la roche hôte constituent les principaux contrôles géologiques associés au type de drainage qui se produit lors de l’exploitation minière. Par la suite, ce sont les conditions climatiques et les propriétés hydrologiques ou hydrogéologiques du site qui déterminent la manière dont les composants de drainage sont transportés dans le milieu récepteur et jusqu’aux récepteurs. Pour évaluer ces questions, il faut utiliser des connaissances spécialisées de multiples domaines, notamment la géologie, la minéralogie, l’hydrologie, l’hydrogéologie, la géochimie, la microbiologie, la météorologie et divers secteurs du génie.

Les caractéristiques géologiques des gisements minéraux exercent d’importants contrôles prévisibles sur le profil environnemental des zones minéralisées (Plumlee, 1999). Il faut donc baser l’évaluation préliminaire de la probabilité de DRA sur l’examen de données géologiques recueillies durant les travaux d’exploration minérale. La détermination des concentrations de référence des métaux dans divers milieux (c.-à-d. les eaux, les sols, les plantes et le biote) peut aussi fournir une indication de la probabilité de DRA; de plus, ces données peuvent être intégrées à des documents sur les possibles concentrations naturelles élevées de métaux. Au cours des travaux d’aménagement et d’exploitation de la mine, l’évaluation initiale de la probabilité de DRA est perfectionnée au moyen de données de caractérisation détaillées sur la stabilité environnementale des rejets et des minerais. La détermination de la nature exacte des effluents miniers dans l’environnement, notamment leur emplacement et l’importance des quantités produites, est effectuée au cours de la phase d’élaboration de la mine. Des études météorologiques, hydrologiques et hydrogéologiques sont réalisées afin de caractériser la quantité d’eaux et la direction de leur écoulement dans le ou les bassins versants de la mine, afin d’évaluer les voies d’accès qui permettent le transport des constituants d’intérêt. Les récepteurs biologiques possibles présents au sein du bassin hydrologique sont identifiés. Au cours de la durée de vie de la mine, les travaux du programme de caractérisation du DRA se concentrent donc progressivement sur des éléments différents et passent de la détermination des conditions de référence à la prévision de la nature et du transport des produits de drainage, et par la suite, au suivi des conditions du milieu et des incidences sur l’environnement.

Malgré les différences qui sont propres à chaque site minier (par exemple le type de minerai exploité, le climat, la phase d’exploitation, le cadre de réglementation en vigueur dans le pays), l’approche générale adoptée visant à caractériser le site est semblable et comporte les activités suivantes :

  • Déterminer la nature des produits de drainage pouvant provenir de différentes sources ainsi que leur quantité et leur qualité;
  • Identifier les voies d’accès des eaux de surface et des eaux souterraines qui permettent le transport des produits de drainage, des sources aux milieux récepteurs;
  • Identifier les récepteurs qui pourraient subir les effets de l’exposition aux produits de drainage;
  • Déterminer les risques associés à cette exposition.

Les figures 6 et 7 présentent la chronologie des travaux d’un programme de caractérisation du DRA et les activités de collecte de données couramment exécutées au cours de chacune des phases d’une mine. La plupart des efforts de caractérisation sont réalisés avant la phase de l’extraction minière, soit au cours de celle de planification, d’évaluation et de conception de la mine (travaux qui sont parfois désignés par l’expression englobante de phase d’élaboration de la mine). De plus, les incidences environnementales possibles sont identifiées et des mesures adéquates de prévention et d’atténuation des effets, qui visent à réduire au minimum les répercussions environnementales, sont intégrées au programme. Durant la phase de construction et de mise en service et celle de l’exploitation, il y a transition des activités et celles de caractérisation du site sont remplacées par celles du suivi, lesquelles se poursuivent pendant la phase de mise hors service et de fermeture et celle des travaux de post­fermeture. Le suivi permet d’affiner les connaissances sur le site, lesquelles servent ensuite à ajuster les mesures correctives et, conséquemment, à réduire les coûts de fermeture du site et accroître l’efficacité de la gestion des risques.

Figure 6: Aperçu du programme de caractérisation du DRA, selon les phases d’une mine (INAP, 2009)
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Prévisions

Les principaux objectifs des travaux de caractérisation du site comprennent entre autres les prévisions relatives aux probabilités de DRA et à la composition chimique des produits du drainage. Comme les activités de prévision sont directement liées à celles de planification de la mine, particulièrement au chapitre de la gestion des eaux et des rejets de la mine, les efforts de caractérisation doivent être exécutés par étapes, parallèlement au déroulement global de la planification du projet. Les activités initiales de caractérisation sont normalement de nature générale et ne reposent habituellement pas sur des hypothèses particulières, en ce qui a trait à la future conception technique de la mine. Les travaux avancés de caractérisation et de modélisation doivent quant à eux tenir compte des éléments spéciaux de la phase de conception technique et y être eux-mêmes intégrés. Pour ce faire, il peut être nécessaire d’utiliser des outils d’itération, car l’évaluation des probabilités de DRA peut mettre en lumière le besoin de réaliser une nouvelle évaluation globale du plan de mine. L’intégration des activités de caractérisation et d’évaluation à celles de l’exploitation minière constitue un élément clé de la gestion efficace du DRA.

La prévision exacte des futurs drainages d’une mine exige une très bonne compréhension des méthodes d’échantillonnage, d’exécution d’essais et d’analyse employées, l’estimation fiable des futures conditions physiques et géochimiques du milieu, ainsi que la détermination de la nature des minéraux participants, de leur emplacement et de leur réactivité. Chaque site minier possède des caractéristiques qui lui sont propres et qui sont associées à des facteurs géologiques, géochimiques et climatiques, à la nature des produits minéraux et des méthodes de traitement du minerai, au respect des règlements pertinents et aux attentes des parties intéressées. Les programmes de prévisions doivent donc être élaborés sur mesure, en fonction des caractéristiques de la mine, et de plus, leurs objectifs peuvent grandement varier. Ils peuvent par exemple comprendre l’estimation des besoins en matière de traitement des eaux, la sélection de méthodes adéquates d’atténuation, l’évaluation des répercussions sur la qualité de l’eau et la détermination des sommes requises pour assurer la remise en état du site.



Figure 7: Programme de caractérisation du DRA pour des matières issues de sources ponctuelles, selon les phases d’une mine (INAP, 2009)
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Les prévisions relatives à la qualité des produits de drainage peuvent être qualitatives ou quantitatives. Les prévisions qualitatives portent principalement sur l’évaluation des probabilités que des conditions acides se produisent dans les rejets miniers et entraînent par la suite du drainage comprenant des métaux et de l’acide. Si ces prévisions indiquent que les probabilités de DRA sont élevées, les efforts se concentrent sur les solutions permettant de prévenir la production de DRA et l’orientation du programme de prévision est modifiée afin de faciliter l’élaboration et l’évaluation de ces solutions.

Au cours des quelques dernières décennies, des progrès importants ont été réalisés au chapitre de la compréhension du processus de DRA, parallèlement aux avancées effectuées dans les domaines des prévisions de la qualité des eaux de mine et des techniques de prévention connexes. Toutefois, la prévision quantitative de la qualité des eaux de mine peut constituer un défi de taille en raison des très nombreuses réactions participant au processus et, possiblement, des très longues périodes au cours desquelles ces réactions se produisent. Malgré ces facteurs d’incertitude, des prévisions quantitatives ont été élaborées en se basant sur des hypothèses réalistes, tout en tenant compte des éléments limitatifs connexes, et les résultats obtenus se sont révélés très utiles pour identifier des solutions de gestion du DRA et évaluer les incidences environnementales possibles.

Figure 8 : Aperçu général de l’approche adoptée pour les prévisions de DRA (INAP, 2009)


Figure 8: Aperçu général de l’approche adoptée pour les prévisions de DRA (INAP, 2009)

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  • Les prévisions de la qualité des eaux de mine sont habituellement basées sur un ou plusieurs des éléments suivants :
  • Les résultats d’essai de lixiviation réalisés en laboratoire sur des rejets;
  • Les résultats d’essais de lixiviation réalisés sur le terrain sur des rejets;
  • Les résultats de la caractérisation géologique, hydrologique, chimique et minéralogique des rejets;
  • Les résultats d’études de modélisation géochimique et de travaux de modélisation d’autres natures.

Des sites analogues, en cours d’exploitation ou ayant été exploités par le passé, constituent aussi de précieux éléments en matière de prévision du DRA, particulièrement ceux pour lesquels une caractérisation et un suivi poussés ont été réalisés. L’élaboration de modèles géoenvironnementaux représente un des meilleurs exemples de la méthode de « modélisation analogique ». Ces modèles, qui sont en fait des construits permettant d’interpréter les caractéristiques environnementales du gisement de minerai dans un contexte géologique, constituent des outils très utiles pour réaliser l’interprétation et la synthèse des profils environnementaux de gisements et de zones d’exploitation minière, pour un contexte géologique systématique; ils peuvent aussi servir à prévoir des problèmes environnementaux qui pourraient surgir sur les sites de futures mines, de mines en exploitation et de mines orphelines (Plumlee et coll., 1999). La figure 8 présente un aperçu général de l’approche globale adoptée pour les prévisions du DRA.

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Mesures de prévention et d’atténuation des effets

Le principe fondamental sur lequel repose la prévention du DRA consiste à mettre en oeuvre un processus de planification et de conception qui vise à prévenir, inhiber, retarder ou interrompre les processus hydrologiques, chimiques, physiques et microbiologiques qui ont des répercussions sur les ressources hydriques. La prévention doit avoir lieu à l’endroit où se produit la détérioration de la qualité de l’eau, ou à proximité de celui-ci (selon le principe de réduction à la source), ou en mettant en oeuvre des mesures qui permettent de prévenir ou de retarder le transport des produits du DRA jusqu’aux ressources hydriques (c.-à-d. au moyen du recyclage, du traitement ou de la disposition adéquate des produits, ou d’une combinaison de ces solutions). Le principe peut s’appliquer de manière générale, mais les méthodes de mise en oeuvre sont propres à chaque site minier.

La prévention constitue une stratégie proactive qui permet d’éviter l’adoption de l’approche réactive comportant des mesures d’atténuation des effets. Lorsque les conditions existantes de DRA ont des incidences négatives sur l’environnement, la ligne de conduite initiale consiste habituellement à exécuter des mesures d’atténuation. Malgré l’exécution de ces mesures initiales, les mesures de prévention adoptées subséquemment ont souvent pour objectif de réduire les futures charges de contaminants et, par conséquent, les besoins continus en matière de mesures d’atténuation. L’intégration des mesures de prévention du DRA et d’atténuation aux activités d’exploitation de la mine constitue un élément clé de la gestion efficace du DRA.

Avant de pouvoir identifier ou évaluer des mesures de prévention et d’atténuation, il faut déterminer quels sont les objectifs stratégiques pertinents. Le processus doit comporter l’évaluation des éléments suivants :

  • Les risques quantifiables pour les écosystèmes, la santé humaine et d’autres récepteurs;
  • Les critères relatifs à la qualité des eaux de décharge, qui sont propres au site;
  • Les coûts en capital, ceux d’exploitation et ceux d’entretien associés aux mesures de prévention ou d’atténuation;
  • La logistique de l’exploitation et de l’entretien à long terme des installations;
  • La longévité requise et les modes de défaillances prévus.

Les objectifs usuels, en matière de maîtrise du DRA, visent à respecter les critères environnementaux en utilisant les méthodes les plus rentables. Le processus de sélection des techniques doit tenir compte des prévisions relatives à la composition chimique des eaux de décharge, des avantages et des inconvénients des solutions de traitement, des risques auxquels sont exposés les récepteurs et du contexte réglementaire s’appliquant aux décharges des exploitations minières.

Les décisions en matière de prévention et d’atténuation se fondent sur une approche de planification et de conception basée sur les risques, laquelle s’applique tout au cours du cycle de vie de la mine, mais principalement au cours des étapes d’évaluation et de conception. En se basant sur les risques, le processus vise à quantifier les effets à long terme des options et à utiliser ces connaissances pour choisir celle qui présente la meilleure combinaison de propriétés (p. ex. la capacité de protection, l’acceptation du projet au point de vue réglementaire, l’approbation de la collectivité, les coûts). Des mesures d’atténuation mises en oeuvre dans le cadre d’une stratégie de maîtrise efficace ne devraient nécessiter qu’un minimum d’efforts actifs d’intervention et de gestion.

La prévention constitue l’élément clé qui permet d’éviter l’adoption de mesures d’atténuation très coûteuses Son principal objectif est d’appliquer des méthodes qui permettent de réduire au minimum la vitesse des réactions auxquelles participent les sulfures, la lixiviation des métaux et la migration ultérieure des produits d’altération issus de l’oxydation de sulfures. Les méthodes de ce type ont notamment les buts suivants :

  • Réduire au minimum l’apport d’oxygène;
  • Réduire au minimum la présence d’eaux d’infiltration et la lixiviation;
  • Éliminer les minéraux sulfurés, réduire au minimum leur présence ou les isoler;
  • Maîtriser le pH de l’eau interstitielle;
  • Maîtriser les processus bactériens et biogéochimiques pertinents.

Voici une liste de certains des facteurs qui influent sur le choix des méthodes susmentionnées :

  • La géochimie des matières issues de la source et les probabilités que ces matières produisent du DRA;
  • La nature de la source et ses caractéristiques physiques, y compris l’écoulement d’eau et le transfert d’oxygène;
  • L’étape de l’aménagement de la mine (les options sont plus nombreuses lors des premières étapes);
  • Le processus et le milieu d’oxydation (les options sont plus nombreuses lors des première étapes, lorsque le pH est encore quasi-neutre et que les quantités accumulées de produits d’oxydation sont faibles);
  • La période d’efficacité que doivent présenter les méthodes et la maîtrise des conditions pertinentes;
  • Les conditions propres au site (c.-à-d. emplacement, topographie et vides miniers, climat, géologie, hydrologie et hydrogéologie, disponibilité de matières et de plantes);
  • Critères relatifs à la qualité des eaux d’effluents miniers;
  • Niveau d’acceptation des risques par la société et les autres intervenants.

Il peut être nécessaire d’utiliser plusieurs méthodes pour réaliser les objectifs souhaités. La figure 9 offre un aperçu général des mesures de prévention et d’atténuation des effets du DRA les plus courantes qui peuvent être employées au cours des différentes étapes du cycle de vie d’une mine.

Figure 9: Aperçu général des mesures de prévention et d’atténuation du DRA (INAP, 2009)
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Traitement du drainage rocheux acide

L’exploitation durable d’une mine exige la mise en oeuvre de programmes visant à maîtriser, gérer et atténuer les effets des travaux d’extraction sur l’environnement. Les incidences de l’exploitation minière sur les ressources hydriques peuvent se poursuivre à long terme, même pendant la phase des travaux post-fermeture. Le traitement des eaux de drainage minier peut constituer un élément des mesures globales de gestion des eaux de la mine au cours de tout le cycle de vie de l’exploitation. Les objectifs d’un programme de traitement du drainage minier sont de nature variée. Il peut être souhaitable ou même obligatoire de récupérer et réutiliser les eaux de mine des chantiers d’exploitation afin, par exemple, de traiter le minerai dans l’usine, de transporter les matières et réaliser divers travaux (élimination des poussières, système de refroidissement de la mine, irrigation des terres remises en état). Le traitement du drainage minier, dans ce cas particulier, vise à modifier la qualité de l’eau afin qu’elle puisse être utilisée à des fins précises, que ce soit sur le site minier ou hors site.

Les autres objectifs du traitement du drainage minier comprennent la protection de la santé humaine et de la salubrité de l’environnement, lorsque le contact est possible, par utilisation directe ou indirecte, entre des gens ou des récepteurs écologiques et des eaux de mine touchées par les effets du drainage. Le drainage minier peut constituer un milieu de transport de toute une gamme de polluants qui peuvent influer sur la qualité des ressources hydriques sur le site et hors site. Le traitement des eaux de drainage permettrait d’éliminer les polluants qu’elles contiennent et de prévenir les incidences environnementales connexes ou d’en atténuer les effets.

Dans la plupart des pays et États, tout effluent de produits du drainage minier dans un cours d’eau ou un aquifère public doit être approuvé par l’organisme de réglementation pertinent; d’autre part, ce sont les exigences réglementaires qui stipulent les diverses valeurs associées à la qualité des eaux d’effluents des mines ou aux charges de polluants connexes. Dans de nombreux pays où l’industrie minière est en développement, il est possible qu’aucune norme sur la qualité des eaux ne soit utilisée, mais les responsables du financement du projet et les politiques de l’entreprise garantissent habituellement le respect des normes de qualité de l’environnement adoptées à l’échelle internationale. L’approche à utiliser pour choisir une méthode de traitement du drainage minier repose sur la connaissance profonde du modèle intégré du système de gestion des eaux de la mine et des autres circuits ainsi que sur le ou les objectifs particuliers à atteindre. L’approche globale adoptée dépend d’un certain nombre de facteurs.

Avant de choisir un procédé de traitement, il est essentiel de préparer un document qui énonce clairement les objectifs du traitement. Tout procédé de traitement du drainage minier doit être évalué et mis en oeuvre en tenant compte du système intégré de gestion des eaux de la mine, car il influera sur les débits du système et sur la répartition de la qualité des eaux dans ce dernier. La sélection du procédé de traitement est donc effectuée en se basant sur l’écoulement des eaux de la mine, leur qualité, les coûts connexes et l’utilisation finale de ces eaux.

La caractérisation des eaux de drainage effectuée en fonction des débits et des propriétés chimiques doit tenir compte adéquatement des fluctuations saisonnières et des variations dans le temps. Les données sur les débits sont particulièrement importantes, car elles sont essentielles à la détermination de la capacité de l’usine de traitement. Parmi les autres éléments d’importance, mentionnons les conditions parfois extrêmes liées aux précipitations et à l’eau de fonte de la neige, qui exigent la présence de bassins de retenue, de tuyaux et de fossés de capacité adéquate. Les principales propriétés chimiques d’intérêt, en matière de drainage minier, sont l’acidité et l’alcalinité des milieux, leur teneur en sulfates, leur salinité et leur teneur en métaux. Il faut aussi tenir compte de la présence (ou de l’absence) de composés particuliers associés à des travaux précis de l’exploitation minière, par exemple les cyanures, l’ammoniaque, les nitrates, l’arsenic, le sélénium, le molybdène et les radionucléides. En outre, il est possible qu’un certain nombre de constituants et propriétés du drainage minier (par exemple la dureté de l’eau, la teneur en sulfates et la présence de silice) ne soient pas visés par des règlements ou ne constituent pas un sujet de préoccupation environnementale dans tous les pays et États, mais ils peuvent quand même influer sur la sélection de la meilleure technique de traitement de l’eau. La manipulation et la disposition des rejets de l’usine de traitement tels que les boues et les saumures, et leurs propriétés chimiques, doivent aussi être considérées lors de prises de décisions sur le traitement.

Les usines de traitement du drainage minier doivent être polyvalentes et avoir la capacité de fonctionner adéquatement lors de hausses ou de diminutions du débit et de variations de la qualité de l’eau, tout en tenant compte des changements apportés aux exigences réglementaires au cours de la durée de vie de la mine. Il faudra donc, dans certaines conditions, mettre en oeuvre le programme par étapes et adopter une approche modulaire lors des travaux de conception et de construction. De plus, les travaux exécutés lors de la phase de post­fermeture pourraient imposer des contraintes particulières au chapitre de l’exploitation et de l’entretien des installations de traitement.

Voici une liste des aspects pratiques, associés aux caractéristiques du site minier, qui influent sur la construction, l’exploitation et l’entretien des usines de traitement du drainage minier :

  • Le plan de la mine et la topographie du site minier
  • L’espace disponible
  • Le climat
  • Les sources d’eaux de drainage minier qui alimentent les usines de traitement
  • L’emplacement des utilisateurs des eaux traitées
La figure 10 illustre un éventail général des possibilités pour le traitement du DRA.
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Suivi du drainage rocheux acide

Le suivi consiste à réaliser la collecte de renseignements de manière répétitive, systématique et pertinente, afin de pouvoir les employer à des fins de gestion et de prise de décisions. Le suivi d’un site minier vise à identifier et caractériser toute modification environnementale causée par les activités minières afin de pouvoir évaluer les conditions propres au site et les incidences possibles sur les récepteurs. Le suivi comporte à la fois l’exécution de travaux d’observation (p. ex. l’enregistrement de données sur l’environnement) et la réalisation d’études (p. ex. des essais de toxicité où les conditions ambiantes sont sous contrôle. Le suivi constitue une étape clé pour la prise de décisions relatives à la gestion du DRA, par exemple lors de l’évaluation de l’efficacité des mesures d’atténuation et, au besoin, de la mise en oeuvre ultérieure des modifications apportées à ces mesures.

La première étape de l’élaboration d’un programme de suivi pour le DRA consiste à examiner le plan de mine, et l’emplacement géographique et le cadre géologique de celle­ci. Le plan de mine fournit des renseignements sur l’emplacement et l’importance des perturbations de surface et de subsurface, les méthodes de concassage, de broyage et de traitement du minerai, les aires de disposition des rejets, ainsi que les endroits où se produisent les effluents, le prélèvement d’eaux souterraines et la déviation des eaux de surface. Ces renseignements servent à identifier des sources possibles de DRA, les voies d’accès qui pourraient permettre aux eaux de DRA d’être libérées dans l’environnement et les récepteurs qui pourraient en subir les effets, ainsi que les mesures d’atténuation qui pourraient être nécessaires. Comme la portée spatiale d’un programme de suivi doit comprendre tous ces composants, il est souvent nécessaire d’adopter une approche globale qui vise le bassin hydrologique (y compris les eaux souterraines). Les activités du programme de suivi sont réalisées à toutes les étapes du développement du projet, depuis les phases précédant l’exploitation jusqu’à celle de post­fermeture, mais les objectifs de ces activités, ainsi que leurs constituants et leur intensité, varieront au cours du cycle de vie de la mine. La figure 11 illustre l’élaboration d’un programme général du suivi du DRA et ses principaux éléments.

Figure 11: Development of an ARD Monitoring Program (INAP, 2009)
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Gestion du drainage rocheux acide et évaluation de sa performance

La description du processus de gestion du DRA et de l’évaluation de sa performance se trouve habituellement dans le plan de gestion environnementale du site minier ou sinon, dans un plan de gestion du DRA propre au site. Le plan de gestion du DRA représente l’intégration des divers concepts et techniques dont la description apparaît dans les sections précédentes du présent chapitre. Il renvoie aussi aux procédés de conception technique et aux systèmes de gestion de l’exploitation utilisés par les sociétés minières.

L’élaboration d’un plan formel de gestion du DRA est généralement amorcée lorsque les résultats du programme de caractérisation et de prévisions du DRA ou ceux du programme de suivi du site l’exigent. L’élaboration et l’évaluation du plan de gestion du DRA et les mesures connexes d’amélioration continue font partie intégrante d’une démarche globale qui se poursuit tout au long du cycle de vie de la mine. De manière générale, son élaboration, sa mise en oeuvre et son évaluation suivent la série d’étapes illustrée à la figure 12.

Comme l’illustre bien la figure, la première étape de l’élaboration du plan de gestion du DRA consiste à établir des buts et objectifs clairs. Ceux-ci peuvent comprendre la prévention du DRA ou l’atteinte de conditions qui respectent des critères de qualité de l’eau particuliers. Dans le second cas, il faut tenir compte du milieu biophysique, des enregistrements réglementaires et officiels requis, des besoins particuliers de la collectivité et de l’entreprise, ainsi que des contreparties financières. Les programmes de caractérisation et de prévisions permettent de déterminer l’importance que pourraient prendre les problèmes de DRA et servent de base aux processus de sélection et de conception des techniques adéquates de prévention du DRA ou d’atténuation. Le processus de conception comporte une série itérative d’étapes au cours desquelles les techniques de contrôle du DRA sont évaluées puis combinées pour former un plan de gestion robuste pour le DRA et des outils de vérification pour un site minier particulier. Le plan de mine initial peut servir à élaborer le plan de gestion du DRA qui doit être soumis dans le cadre d’une évaluation environnementale (EE), tandis que le plan de mine final est habituellement mis au point parallèlement au processus de demande de permis du projet.

Le plan de gestion du DRA permet de déterminer les matières et les rejets miniers qui exigent un mécanisme de gestion particulier. Des éléments d’évaluation et de gestion des risques sont incorporés au plan afin d’affiner les stratégies et les étapes de la mise en oeuvre. Afin d’être pleinement efficace, le plan de gestion du DRA doit être entièrement intégré au plan de mine. Sa mise en oeuvre est facilitée par l’adoption de contrôles d’exploitation comme les procédures normales d’exploitation (PNE), les indicateurs clés de performance (ICP) et les programmes d’assurance de la qualité et de contrôle de la qualité (AQ/CQ). Le plan de gestion du DRA détermine les rôles, les responsabilités et les obligations de rendre compte des employés de l’exploitation minière. Les progrès réalisés dans le cadre du plan de gestion peuvent être suivis en assurant un système efficace de gestion, d’analyse et de communication des données.

L’étape qui suit consiste à effectuer un suivi en comparant la performance sur le terrain et les buts et objectifs établis lors de la conception du plan de gestion. Les hypothèses émises dans le cadre des programmes de caractérisation et de prévisions et les modèles des mesures de prévention et d’atténuation sont mis à l’épreuve, puis validés ou modifiés. Les « leçons acquises » lors des activités du suivi et d’évaluation sont examinées avant d’être intégrées au plan, dans le cadre du processus d’amélioration continue. Des vérifications sont effectuées afin de s’assurer que les personnes responsables de la mise en oeuvre du plan de gestion respectent les exigences stipulées dans le plan. Des audits internes et externes devraient être réalisés afin de mesurer la performance du personnel, des systèmes de gestion et des composants techniques et de fournir des points de vue supplémentaires sur le processus de mise en oeuvre du plan de gestion du DRA. Les gestionnaires du site minier et de l’entreprise doivent effectuer des examens des résultats des audits afin de s’assurer que les éléments du plan de gestion concordent toujours avec ceux des politiques de l’entreprise et celles relatives au site minier. Des activités additionnelles d’évaluation et de gestion des risques peuvent être exécutées à cette étape particulière afin de déterminer les effets des conditions variables ou des écarts signalés par rapport au plan de gestion du DRA. Finalement, les résultats doivent être évalués en fonction des buts et objectifs établis lors des premières étapes. S’ils ont été atteints, le processus d’évaluation et du suivi de la performance se poursuit au cours du cycle de vie de la mine, au moyen de vérifications périodiques. Dans le cas contraire, il faut entreprendre une nouvelle conception et une nouvelle évaluation du plan de gestion et des systèmes d’évaluation et du suivi visant à prévenir le DRA ou à atténuer ses effets. Ces efforts supplémentaires peuvent aussi exiger de nouveaux travaux de caractérisation et de prévisions du DRA.

Le processus illustré à la figure 12 assure une amélioration continue du plan de gestion du DRA et de sa mise en oeuvre, et de plus, il permet de modifier, au besoin, le plan de mine. Si le plan de gestion initial est robuste, il sera d’autant plus facile de l’adapter aux changements apportés au plan de mine.

La mise en oeuvre efficace du plan de gestion du DRA repose sur un ensemble d’outils de gestion d’importance progressive. Les politiques de l’entreprise servent à établir les normes adoptées par l’entreprise et celles qui s’appliquent au site minier, desquelles découlent les PNE et les ICP propres au site dont se servent les exploitants pour mettre en oeuvre le plan de gestion du DRA. S’il n’existe pas de politiques ou de normes au sein de l’entreprise, la gestion des projets et l’exploitation du site doivent être basées sur les meilleures pratiques de l’industrie.


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Processus de communication et de consultation relatifs au drainage rocheux acide

Le niveau des connaissances sur la production du DRA et les mesures d’atténuation de ses effets a grandement augmenté au cours des dernières décennies, que ce soit au sein de l’industrie minière, du milieu universitaire ou des organismes de réglementation. Toutefois, ces connaissances ne peuvent être utiles aux très nombreux intervenants d’un projet minier que si elles sont présentées dans un format qui est facile à comprendre. Les activités de consultation de ce type doivent transmettre des renseignements sur les prévisions relatives à la qualité des futures eaux de drainage et l’efficacité des plans d’atténuation, le degré de certitude qui leur est associé, ainsi que les mesures prévues en tenant compte de cette incertitude. Lorsqu’un dialogue sincère est possible, au chapitre des renseignements connus et de la nature et du degré de confiance des prévisions, il est plus facile d’accroître la compréhension et la confiance, ce qui permet en définitive d’élaborer un meilleur plan de gestion du DRA.

Les entreprises doivent assurer la mise en oeuvre de processus de communication et de consultation relatifs aux questions de DRA avec tous les intervenants, car une telle démarche constitue un élément essentiel de leur permis d’exploitation social. Comme le DRA représente habituellement un phénomène de grande visibilité, il faut s’assurer que les personnes qui doivent communiquer efficacement avec les autres intervenants sont des personnes qualifiées qui emploient des outils spécialisés pour le faire. De plus, il est parfois nécessaire d’impliquer des représentants de tous les domaines techniques pertinents de la société minière dans le processus en question.


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Résumé

Le drainage rocheux acide constitue l’un des plus sérieux problèmes environnementaux auxquels doit faire face l’industrie minière. Il faut réaliser une évaluation poussée des probabilités de DRA avant même d’entreprendre l’exploitation minière d’un gisement et poursuivre ces activités tout au long du cycle de vie de la mine. Afin de respecter les principes du développement durable, les stratégies de gestion du DRA doivent principalement porter sur la prévention du DRA et la réduction au minimum de ses effets plutôt que sur les mesures de contrôle ou de traitement. Les stratégies en question sont définies dans le cadre du plan de gestion du DRA, dont l’élaboration est réalisée au cours des premières phases du projet, parallèlement à la détermination des mesures du suivi nécessaire pour en évaluer la performance. L’intégration du plan de gestion du DRA au plan d’exploitation de la mine constitue un élément crucial du succès du programme de prévention du DRA. Les pratiques de pointe, en matière de gestion du DRA, sont l’objet d’améliorations continues, mais la tendance actuelle consiste à adopter des pratiques qui sont propres aux sites et qui exigent l’apport de personnes possédant des connaissances spécialisées dans ce domaine.

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Références

International Network for Acid Prevention (INAP), 2009. The Global Acid Rock Drainage Guide. Adresse du site Web : (à déterminer : http://www.gardguide.com).
Jambor, J.L., 2003. « Mine-Waste Mineralogy and Mineralogical Perspectives of Acid-Base Accounting », dans Environmental Aspects of Mine Wastes (éditeurs : Jambor, J.L., D.W. Blowes et A.I.M. Ritchie), « Short Course Series », vol. 31, Association minéralogique du Canada.
Nordstrom, D.K., 2003. « Effects of Microbiological and Geochemical Interactions in Mine Drainage », dans Environmental Aspects of Mine Wastes (éditeurs : Jambor, J.L., D.W. Blowes, et A.I.M. Ritchie), « Short Course Series », vol. 31, Association minéralogique du Canada.
Nordstrom, D.K. et Alpers, C.N., 1999. « Geochemistry of Acid Mine Waters », dans The Environmental Geochemistry of Mineral Deposits, Part A: Processes, Techniques and Health Issues, (éditeurs : Plumlee, G.S., et M.J. Logsdon), « Reviews in Economic Geology », vol. 6A, Society of Economic Geologists, Inc.
Plumlee, G.S., 1999. « The Environmental Geology of Mineral Deposits », dans The Environmental Geochemistry of Mineral Deposits, Part A: Processes, Techniques and Health Issues (éditeurs : Plumlee, G.S., et M.J. Logsdon), « Reviews in Economic Geology », vol. 6A, Society of Economic Geologists, Inc.
Plumlee, G.S., K.S. Smith, M.R. Montour, W.H. Ficklin et E.L. Mosier. 1999. « Geologic Controls on the Composition of Natural Waters and Mine Waters Draining Diverse Mineral-Deposit Types », dans The Environmental Geochemistry of Mineral Deposits, Part B: Case Studies and Research Topics (éditeurs : Filipek, L.H., et G.S. Plumlee), « Reviews in Economic Geology », vol. 6B, Society of Economic Geologists, Inc.
Stumm, W., et J.J. Morgan, 1981. « Aquatic Chemistry », 2e édition, New York, John Wiley & Sons.

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Figure 12: Organigramme pour effectuer l’examen de la gestion du DRA et de l’évaluation de sa performance (INAP, 2009)
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